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Andres La Rotta

L’auditorium de Verdun,

un patrimoine ?

Bien que le hockey soit le sport national du Canada, peu d’arénas d’ici comportent des qualités architecturales remarquables. L’idée exprimée par Francis Morrone est très éloquente dans le cas qui nous préoccupe : « Sports arenas […] are defined less by their architecture than by the collective memories they contain » [1].

 

Dans le cadre du cours d’études préparatoires en préparation au stage à effectuer chez FABG Architectes sous la supervision de l’architecte Éric Gauthier, ma recherche visait à rédiger une évaluation patrimoniale sur l’auditorium de Verdun afin de fournir un document qui servirait à appuyer la prise de décisions pour la stratégie d’intervention architecturale. Le but visé par cette étude était de savoir si l’aréna devrait être rénové, restauré, voire démoli.

 

Cette patinoire intérieure est construite sur des terrains remblayés lors de la construction de la digue en bordure du fleuve Saint-Laurent. Ce bâtiment est situé à la convergence de trois axes routiers, soit : l’avenue de l’Église et les boulevards LaSalle et Gaétan-Laberge.

 

Les gradins de l’aréna ont une capacité d’accueil de 3 795 places. Le bâtiment de forme rectangulaire est complété d’un toit à double versant. Les murs extérieurs en maçonnerie étaient ornementés d’éléments architecturaux de style Art déco. Or, sa façade principale fut dissimulée derrière un revêtement d’acier peint d’allure commune. Le long du mur mitoyen nord, un second volume est annexé, l’aréna Denis-Savard un parallélépipède rectangulaire de trois étages.

 

Le volume intérieur est défini par son système constructif qui consiste en des fermes d’acier montées sur une base de gradins en béton. Au niveau du rez-de-chaussée, autour du périmètre de la patinoire, une circulation permet l’accès à une série de salles. Des escaliers sont localisés aux quatre coins de l’édifice. Les sections métalliques des bancs en bois, les tubulures des rampes d’escalier, les murets de béton courbes et le balcon arrondi donnant accès aux loges sont typiques du style Art déco.

 

Afin de faire ressortir l’intérêt patrimonial de l’auditorium de Verdun, il fallait réaliser une analyse par les valeurs. Il appert que les valeurs documentaires et d’usage ancrent davantage le bâtiment dans la mémoire collective que toute autre valeur analysée. En voici quelques éléments clés :

 

Cette mémoire collective dont parle Morrone quelle est-elle? Elle passe d’abord par l’usage, les grands événements historiques et sportifs qui s’y sont déroulés, et les qualités symboliques du bâtiment comme représentation de l’identité verdunoise.

 

 

L’auditorium conçu par l’architecte Anastase Gravel et inauguré en 1939, témoigne de la période de la crise économique des années 1930 au moment où s’érigent plusieurs bâtiments à titre de mesure pour contrer le chômage. Durant la Seconde-Guerre mondiale, notamment l’usage du bâtiment par l’armée canadienne et son association au pilote George F. Beurling, héros canadien considéré comme l’un des meilleurs pilotes pendant la guerre.

 

L’auditorium s’inscrit comme marqueur de l’histoire du hockey au Québec. Plusieurs vedettes, alors joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, comme Maurice Richard, Pat Lafontaine, Mario et Claude Lemieux y ont évolué. Depuis plus de 75 ans, le bâtiment conserve son usage de patinoire accueillant les joutes sportives, les sports de compétition et les loisirs de la population verdunoise.

 

Et ce « moins architectural » mentionné par Moronne, est-il probant dans le cas étudié? En effet, les valeurs technique et architecturale ne semblent pas déterminantes. L’auditorium de Verdun est une réplique en tous points de l’aréna Jacques-Plante à Shawinigan inauguré en 1938, tant pour la technique constructive appliquée que pour son apparence extérieure. Il ne possède pas de caractéristiques remarquables. Son architecture d’une facture plutôt conventionnelle n’est pas un grand exploit ni technique ni formel, voire spatial. La composante la plus intéressante est vraisemblablement la façade principale Art déco dissimulée sous un revêtement métallique depuis 1977, une composante qui n’est pas présente pour la communauté ça fait 38 ans.

 

Lors du stage chez FABG, il faudra prendre en considération la valeur documentaire et d’usage davantage que celles architecturales et constructives. Mais puisque ses valeurs du lieu s’expriment par le bâti, il nous faudra considérer quelles composantes seraient conservées à titre de « patrimoine » pour mettre en valeur l’esprit du lieu. Que conservera le projet de réhabilitation de l’auditorium? Les stratégies d’interventions seront explorées à partir de l’élaboration d’hypothèses de design et son évaluation établie sur la base du programme fonctionnel. Cette intervention, quelle soit une restauration, une rénovation ou une démolition partielle ou complète, devra être appuyée par une réflexion portant sur divers aspects dont l’intérêt du façadisme en conservation et sur les manières de conserver vivante la mémoire d’un lieu par l’intégration d’éléments matériels ou conceptuels authentiques liés à l’identité d’une communauté.

 

 

Pour finir deux notes sur l’histoire du hockey à Montréal:

IX. Chronique Montréalité no 27 : Le hockey à Montréal (1ère partie), 

X. Chronique Montréalité no 28 : Le hockey à Montréal (2e partie) 

RÉFÉRENCES_

 

[1] Morrone, Francis, The Architectural Guidebook to New York City, Salt Lake City, Gibbs Smith, 1994, p. 138.

 

I. Architecte Anastase Gravel, Source : Archives de l’arrondissement de Verdun.

II. Source : Archives de l’arrondissement de Verdun.

III. Photographie : Kevin Jordan.

IV. Photographie : Atelier BRIC, Source : Ville de Montréal, Direction de la culture et du patrimoine.

V. Montréal, Direction de la culture et du patrimoine.

VI. Source : Archives de l’arrondissement de Verdun.

VII. Source : Livre Verdun 125 ans d’histoire 1875-2000, Denis Gravel.

VIII. Photographie : André Brien, 1958, Source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Maple_Leafs_Verdun_1957-58.jpg.

IX. Chronique Montréalité no 27 : Le hockey à Montréal (1ère partie), < https://www.youtube.com/watch?v=oz0W-b_kL1k >

X. Chronique Montréalité no 28 : Le hockey à Montréal (2e partie) < https://www.youtube.com/watch?v=qUMNJSs1S7U >

 

Image icône. J.C. « Flynn » Flanagan, joueur de hockey, Montréal, QC, 1923, Photographie : Wm. Notman & Son, Source : Il-252140 Musée McCord.

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