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L'architecture moderne du site patrimonial de Sillery

Joanie Vézina

L’architecture moderne est un volet du patrimoine méconnu du grand public et peu valorisé par les instances gouvernementales. Le Répertoire du patrimoine culturel inventorie 129 biens sous la thématique du patrimoine de la modernité.[1] Le site patrimonial de Sillery, dans la région de la Capitale-Nationale, possède 37 de ces réalisations majoritairement résidentielles et religieuses.[2]

 

Les visées de l’essai sont d’exposer les circonstances entourant la création de l’arrondissement historique de Sillery, la contribution de l’architecture moderne à l’ensemble protégé, et ce en démontrant la méconnaissance de ce patrimoine amoindrissant ainsi sa valorisation. De plus, celui-ci met l’accent sur le secteur du Parc-Beauvoir, un ensemble résidentiel datant du début des années 1970, comprenant 18 maisons modernes.[3] Ce développement permet de saisir concrètement les circonstances entourant la création de nouveaux secteurs résidentiels au sein du site décrété et de mettre en lumière les enjeux de cette urbanisation.

 

 

 

 

Limites du site patrimonial actuel

Cartographie: Arrondissement historique de Sillery, Service du développement économique - division de l’habitation, Ville de Québec, Québec, n.d. 

 

De 1964 à 1974,[4] la région de Québec entreprit la voie de la grande « rénovation urbaine ». De grandes réformes sévirent mettant l’emphase sur une urbanisation rapide de la ville en réponse à l’augmentation de la population. Le terme « rénovation urbaine » réfère donc aux nombreuses démolitions, expropriations et investissement de l’État dans une optique de « modernisation ».[5]

 

La création de l’arrondissement historique de Sillery, en 1964,[6] est une réponse à l’étalement urbain afin d’éviter notamment le lotissement des propriétés des communautés religieuses situées aux abords de la falaise. Malgré son classement, la fragmentation s’entreprit dès la fin des années 1960,[7] comme en témoigne entre autres la création du secteur du Parc-Beauvoir. Ce dernier situé à l’ouest du site, est issue de la vente d’une portion du Domaine Beauvoir par les Pères Maristes vers 1966 à la Société Immobilière ENIC dirigée par Paul et Guy Racine.[8] Dix-Huit maisons modernes construites entre 1971 et 1977 [9] prennent place sur le site sous différentes formes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1977,[10] le Ministère propose de retirer de l’arrondissement historique certains secteurs résidentiels, dont celui du Parc-Beauvoir. Pourtant, l’idée sera abandonnée à la suite de diverses contestations populaires. Aujourd’hui, ce secteur représente une facette de la modernité au sein de la production résidentielle, mais est pourtant méconnu du grand public au même titre que la majeure partie des réalisations modernes de site patrimonial. La majorité de ces biens modernes ont été répertoriés et protégés puisqu’ils se trouvaient à l’intérieur des limites du site classé et non pour leurs qualités formelles et constructives.

 

En effet, sur 37 réalisations modernes 3 sont davantage recensées dans les publications. La maison Kerhulu de Robert Blatter, la résidence Paul Gérin-Lajoie par Papineau, Gérin-Lajoie et Leblanc architectes et les habitations Montferrand de Gilles Chabot sont notamment présentes dans Québec Monumental de Luc Noppen.[11] Dans le parcours touristique patrimonial seulement celle de Blatter est présente attribuable à la notoriété du concepteur. De plus, ce circuit historique et patrimonial propose un détour sur l’avenue du Parc-Beauvoir, pour aller observer les vestiges de l’ancien Moulin de jésuites en passant sous silence les nombreuses maisons modernes.[12] Les limites du circuit diffèrent également du site patrimonial ajoutant deux réalisations modernes soit le développement du Parc de la Falaise et la résidence Deslauriers sur l’avenue Cap-aux-Diables. 

 

Est-ce une méconnaissance ou est-ce un refus de valorisation de ce patrimoine à cause de son passé récent?

 

Bref, les biens immobiliers issus du mouvement moderne, méconnus des gens du secteur, ont subi plusieurs modifications ou peu d’entretien comme en témoigne l’autel en plein air sur l’ensemble conventuel des Augustines et certaines maisons de l’avenue du Parc-Beauvoir. De plus, la fragmentation des communautés religieuses au sein du site patrimonial est toujours d’actualité avec la venue de grand développement immobilier.

 

Alors, il est à se demander ce qui adviendra des legs de l’époque moderne au sein du site patrimonial de Sillery si personne n’est à l’affut de son existence et de son importance. Il en va de même pour la qualité paysagère exceptionnelle du lieu menacée par la spéculation et la densification.

 

 

 

 

 

 

 

 

Vues aériennes : [Développement de l'avenue du Parc-Beauvoir],  Communauté urbaine de Québec - Service d’aménagement du territoire, 1969, 1972 et 1984, Cartothèque UQÀM.

1969

1972

1984

Été 2015

 

Le présent essai est en réponse au stage qui sera exécuté à l’été 2015 au Conseil du patrimoine culturel du Québec. Le sujet sera par contre d’un autre ordre soit la mise en forme d’un Guide d’intervention sur les constructions en béton apparent. 

 

 

 

Pour en savoir plus  

 

Études de caractérisation de l’arrondissement historique de Sillery 

Les 129 biens inventoriés sous la thématique de patrimoine de la modernité, sélectionner la thématique.

Québec Monumental de Luc Noppen. 

Photographies: Joanie Vézina, Série - Architecture moderne du site patrimonial de Sillery, Québec, 2015.  

RÉFÉRENCES_

 

[1] Ministère de la Culture et des Communications, « [Patrimoine de la modernité] », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, pages web, 2010, < http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca >. 

[2] Ministère de la Culture et des Communications, « [Site patrimonial de Sillery] », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, pages web, 2010, < http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca >.  

[3] Ministère de la Culture et des Communications, « [Avenue du Parc-Beauvoir] », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, pages web, 2010, < http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca >. 

[4] Nicolas Roberge, « Une vision de Québec toujours à jour 55 ans plus tard », Québec urbain, page web, 2011, < http://www.quebecurbain.qc.ca>.

[5] Ibid.

[6] Commission des biens culturels du Québec, Étude de caractérisation de l’arrondissement historique de Sillery, août 2004, document PDF, en ligne, < http://www.cpcq.gouv.qc.ca >, p.2.

[7] Ibid.

[8] « Construction prochaine de 92 nouvelles maisons », journal L’Appel, 30 novembre 1968.

[9] Op. Cit. « [Avenue du Parc-Beauvoir] ».

[10] Op. Cit. « Étude de caractérisation de l’arrondissement historique de Sillery », p.29.

[11] La maison Kerhulu est notamment présente dans Québec Monumental de Luc Noppen, Dans Les arrondissements historiques de Sillery, Beauport et Charlesbourg, Québec par Suzel Brunel et dans Histoire de raconter – L’arrondissement historique de Sillery – Itinéraires histoire et patrimoine réalisé par la Division de la culture, du loisir et de la vie communautaire de l’Arrondissement de Sainte-Foy – Sillery.

[12] Division de la culture, du loisir et de la vie communautaire de l’Arrondissement de Sainte-Foy - Sillery, Histoire de raconter – L’arrondissement historique de Sillery – Itinéraires histoire et patrimoine, 2008, document PDF, en ligne, < http://www.ville.quebec.qc.ca >.

 

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