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MULTI-ESPACES
Le campus urbain Sir George Williams de l'Université Concordia
par Marilyne Desjardins

Quel rôle les idéologies modernes jouèrent dans le développement du campus urbain de l’Université Sir George Williams au début des années 1960 et comment se différencie-t-il du type traditionnel des campus universitaires?

 

Mise en contexte

Il est peu dire que la ville de Montréal est un bassin important pour la vie universitaire au Canada. Avec ses quatre universités sur une superficie d’un peu moins de 500 km2, universités publiques et privées de côtoient, évoluant dans différents lieux de la ville. La métropole québécoise accueille des milliers d’étudiants chaque année. L’université Concordia représente un élément important de ce paysage universitaire, avec plus de 40 000 étudiants parcourant des classes quotidiennement.

 

L’histoire de l’université Concordia remonte à plus loin qu’on puisse se l’imaginer. Elle fut créée en 1974, soit par la fusion du Loyola College et de la Sir George Williams University. Concordia héritait alors de deux types de campus bien particulier: l'un urbain, l'autre suburbain. On retrouve ainsi avec l’université Concordia, un mélange entre deux types bâtis.

 

Legs principal d’une mise en espace européenne, les campus nord-américains adaptèrent cette forme selon leurs propres exigences. Durant plusieurs années, voire plusieurs siècles, le type bâti utilisé par les universités s’approchait du quadrangle. La planification des campus en Amérique du Nord aura principalement gardé cette tradition depuis le XVIIIe siècle. Cette façon de construire fut importée d’Angleterre, où la tradition du campus, comme on retrouve à Oxford ou Cambridge par exemple, est très présente. La principale différence de l’application nord-américaine de cette façon de construire est principalement la disposition du type bâti. Le campus généralement localisé au centre des villes britanniques sera ici implanté à la périphérie de la ville. Ainsi, le campus nord-américain est par tradition suburbain, afin de préserver la communauté éducative et de vie qu’il abrite, des tentations de la ville. L'importance donnée à la communauté académique restera bien présente dans la planification architecturale des bâtiments liés à l’éducation. Le partage du savoir, des connaissances, semble être depuis des centaines d’années intimement liés à un échange réalisé au quotidien entre la communauté universitaire, et le campus. Le campus du Loyola College en est un bon exemple.

 

Il faut toutefois attendre la modernité architecturale afin de voir une transformation significative dans l’apparence des campus, particulièrement en Amérique du Nord. Cette nouvelle manière de construire dans les centres urbains est exactement le défi auquel fait face la Sir George Williams University (SGWU) dans son désir d'agrandissement. Ce campus, hérité par l’université Concordia, sera concrètement urbain.

 

À la fin des années 1950, la SGWU offrait des cours du soir aux travailleurs du centre-ville qui cherchaient à parfaire leurs compétences et décrocher un diplôme universitaire. Ses cours se donnaient en lien avec la Young Men’s Christian Association, mieux connu sous le nom de YMCA. La fréquentation augmentant rapidement, l'université manquait cruellement de place pour accueillir les nouveaux étudiants; il fut ainsi pensé de construire les deux premiers édifices modernes de l'université: le pavillon Norris (1960) et le pavillon Hall (1966). Ce dernier, conçu par les architectes Ross, Fish, Duchenes & Barrett, fait à présent partie du visage urbain de Montréal.

 

Lorsque le projet de l’édifice Henry Foss Hall est proposé au conseil administratif au début des années 1960, il clair que le campus Sir George Williams devait désormais avoir un pavillon en hauteur, en raison de la nouvelle densité du centre. La construction du Henry Foss Hall débuta en 1964 pour s’achever en 1966, célébrant l’année dernière son 50e anniversaire. L’ouverture officielle du pavillon en octobre 1966 concorde avec l’inauguration du métro de Montréal. Ce n’est qu’un exemple de la place concrète de l’édifice dans la foisonnante réalité moderne dont la ville de Montréal était le théâtre.

 

Le pavillon Hall (1966), tout comme son prédécesseur, le pavillon Norris Building (1960), est représentatif du nouveau programme architectural universitaire que souhaitait mettre en place la SGWU. Ce nouveau type bâti dont l’apparition est somme toute récente dans les années 1960, permet à la SGWU de développer un aspect tout à fait novateur, pratiquant une verticalité jusqu’à présent jamais vue pour une université montréalaise.

Référence images:

1. Perspective du Hall Building vers 1960. © Aquarelle : Ross Fish Duschenes Barrett, architectes. Archives de l'Université Concordia, I018-02-111.

2. Hall d'entrée du pavillon Hall, vers 1970. © Photo : anonyme. Archives de l'Université Concordia, I135-02-014.

3.Détail du mur-rideau du pavillon Hall vers 1966. © Photo : anonyme. Archives de l'Université Concordia, I018-02-111. 

4.Édifice Hall sous sa construction Vue de Guy et de Maisonneuve, vers 1965. © Photo : anonyme. Archives de l'Université Concordia, P184-02-01.

5. Emplacement des campus Sir George William et Loyola dans Montréal, Carte.

6.Concept original du campus Loyola​, Design de Peden & McLaren architectes, 1913. © Archives de l'Université Concordia, I007-02-55.

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