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MULTI-USAGES
Une architecture moderne pour les centres récréatifs à Montréal
par Véronique Lapointe

Au XIXe siècle, l’urbanisation et l’industrialisation causèrent de nombreux problèmes sociaux dans les villes à travers le monde. À Montréal, une importante hausse de la population engendra une adaptation difficile des services publics comme la collecte de déchet et le service d’aqueduc. La ville s’est retrouvée dans des conditions de salubrité médiocre et la qualité de vie offerte aux citoyens y était déplorable. La ville mit donc en place plusieurs solutions pour contrer les problèmes d'hygiène comme les bains publics et les parcs.

 

Dès lors, l’aménagement des parcs connut une évolution conséquente au progrès de la planification urbaine de Montréal. Ainsi, trois phases évolutives peuvent être distinguées dans l’histoire de la ville. Elles permettent de regrouper les parcs en trois catégories idéologiques : « les parcs de contemplation », les « parcs de jeu » et les « parcs récréatifs et sportifs ».

 

PARC DE CONTEMPLATION

 

À la suite de l'urbanisation rapide durant l'ère industrielle amorcée à Montréal à la seconde moitié du XIXe siècle, l’embellissement des villes par la nature a été envisagé dans des visées d'amélioration des conditions de vie des citoyens. Selon cette optique, la ville commence dès 1865 à aménager les espaces publics déjà présents sur son territoire. Ces aménagements comportaient la réalisation de places, parcs et de jardins qui incorporèrent, entres autres, des fontaines, des monuments commémoratifs ainsi que des allées bordées d'arbres. Le premier projet de grand parc à Montréal se concrétisa avec la création du parc du Mont-Royal. Suite à cela, d’autres parcs comme l’île Sainte-Hélène, le parc Lafontaine et le Jardin botanique ont été planifiés. Ces lieux publics étaient alors dédiés à la contemplation et à l’enjolivement de la ville en proposant des paysages naturels.

 

PARC DE JEU

 

Au début du XXe siècle, le concept des parcs de contemplatif va intégrer peu à peu l'aspect récréatif issues des phénomènes sociaux et d'une société hygiéniste.

Des associations comme la Montreal Parks and Playgrounds considéraient problématique le manque d’espace de jeu pour les enfants. Avec la densification de la ville et ainsi que l’augmentation du nombre de véhicules à traction animale ou motrice, les voies de circulation dorénavant considérées comme dangereuses. Vers 1910, afin de veiller à la sécurité des enfants et de les retirer de la rue, la ville propose de revoir l'aménagement des parcs en fonction d'y intégrer des aires de jeu intégrant, entres autres, des balançoires, des balancelles, des carrés de sable, des patinoires et des barboteuses. Les Montréalais avaient maintenant accès à un plus grand nombre d’espaces publics qui répondait au besoin collectif de récréation de la population.

 

LES PARCS RÉCRÉATIF ET SPORTIF

 

L’aménagement des parcs prit par la suite une dimension plus récréative et sportive qui se développa grâce aux nouvelles instances municipales dédiées à la gestion et à la planification de la ville et des parcs.

 

Montréal se dota d’un service de l’urbanisme en 1941. Ce service a commencé à réserver des « espaces libres » dédiés au développement des parcs de la ville. Dans la décennie des années 1940, le service d’urbanisme avait donc réussi à isoler une bonne centaine de ces « espaces libres » qui ont été meublés à partir de 1953.

 

Puis, en 1953 le service des parcs de Montréal fut mis en place. Il avait pour mandat « d’habiller des parcs qui manquaient de tous »[1]. À cette époque, seuls les parcs du Mont-Royal et Lafontaine étaient achevés. Les parcs conçus à la décennie précédente étaient tout juste entamés, mais grâce au nouveau service, ils connurent un véritable essor.

 

Claude Robillard fut le premier directeur de ce service. Sous son égide, dès la première année, le service mettait en chantier 30 projets de parcs à travers la ville. Les activités de loisirs incorporèrent le phénomène de la compétition sportive qui prend préséance dans l'aménagement de terrains de sports comme pour le baseball, tennis, hockey.

 

Le service des parcs adopta des normes très précises pour les jeux et le sport implantés dans les parcs de Montréal. Il souhaitait de cette façon éliminer les parcs temporaires de la décennie précédente et concevoir un système de parcs pérenne. La politique du service demandait, par exemple, d’aplatir les zones des parcs dédiés à accueillir des terrains de sport normalisé. D’autres initiatives de Robillard permirent d’inclure, dans la politique du service des parcs, la pataugeuse comme un terrain de jeu en 1954 ainsi que la construction d’abris-vespasiennes, d'abord d'abris-vespasiennes à l'architecture commune et utilitaire, puis de chalets à l'architecture moderne vernaculaire.

 

Le service aspirait aussi à la mise en commun, pour la collectivité locale, certains équipements appartenant à la municipalité. Robillard put ainsi mettre en pratique la formule du parc-école, déjà implantée aux États-Unis, qui unissait les programmes récréatifs et éducatifs selon des visées communautaires. Celle-ci se concrétisa par une convention proposant des modèles types de centres récréatifs.

Le programme comportait un gymnase simple permettant de jouer au basketball, au volley-ball ou au badminton, une salle voisine ouverte sur celui-ci, une rallonge à l’école de deux étages avec des salles spécialisées, des locaux pour les moniteurs, des salles pour les patineurs et les joueurs ainsi qu’un local d’entretien. C’est ainsi que les ententes de parcs-écoles avec les commissions scolaires profitèrent à la création de centres sportifs annexés aux écoles et des centres récréatifs autonome pour desservir les terrains de sports. Ce réseau de centres récréatifs est représentatif de cette phase de modernisation des parcs montréalais.

Référence images:

1. Centre récréatif parc Trenholme. Véronique Lapointe, 2016.

2. Montreal Parks and Playground Association, Montreal Parks and Playground,1916.

3. Claude Robillard au Jardin des Merveilles, 1957. Archives Ville de Montréal, VM105-Y-2_162-20.

4. Logo du Service des parcs de Montréal. Dessin; Archives de la Ville de Montréal, s.d.

5. Inauguration de la patinoire artificielle au parc Trenholme. Photo; Archives de Montréal, 1955, VM105-Y-1_0201-001

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