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La Fondation Calouste Gulbenkian et ses jardins 

Située sur l’Avenue de Berna 45 à Lisbonne, au Portugal, la Fondation Calouste Gulbenkian, qui comprend à la fois bâtiments et jardins, est un espace architectural marquant de la production moderne au Portugal. L’établissement, qui a accueilli les conférences de DOCOMOMO cette année, fut construit dans les années soixante par les architectes Ruy Jervis d’Athouguia, Pedro Cid et Alberto Pessoa accompagnés par les architectes-paysagistes Gonçalo Ribeiro Telles Barreto et Antonio Viana. Véritable îlot de fraicheur en ville, ce vaste espace végétalisé, dans lequel viennent s’implanter des volumes à la fois minimalistes et brutalistes, constitue un environnement de grande qualité pour ses visiteurs. Conçu à la mémoire de l’arménien Calouste Gulbenkian quelques années après sa mort en 1955, le projet cherche à respecter les aspirations d’un magnat du pétrole, c’est-à-dire de concevoir la Fondation en liant l’art avec la nature. Le but initial de la Fondation est dès lors de promouvoir des connaissances et d’améliorer la qualité de vie des personnes à travers les champs des arts, de la charité, de la science et de l'éducation1 Elle abrite une admirable collection égyptienne, grecque, romaine, islamique, asiatique et l'art européen. Cette fondation est maintenant reconnue comme patrimoine mondial selon l’UNESCO depuis 20102 et elle est considérée comme étant un des premiers projets d’architecture au Portugal où la relation entre l’intérieur et l’extérieur est aussi bien réussie.

Toutefois, trois importantes phases de réhabilitation ont lieu après sa construction, soit en 1998, en 2001 et en 2014. Ces réhabilitations ont pour but de respecter l’authenticité conceptuelle initiale, c’est pourquoi on fait appel à des architectes contemporains du projet original. En 1998, les architectes de la restauration se concentrent dans les trois étapes suivantes : le musée (réalisé par un architecte d’intérieur), la Fondation (principalement la boutique et la réception) et les jardins. En 2001, le bâtiment abritant la Fondation est réhabilité pour faire place à la zone d’exposition préalablement présenté dans le Musée Métropolitain de l’art à New York. Enfin, en 2014, les architectes se consacrent principalement sur les auditoriums et sur la réfection des infrastructures internes du bâtiment de la Fondation. 

Les jardins de la Fondation Calouste-Gulbenkian 

Le complexe de la Fondation C. Gulbenkian comprend quatre grands volumes : la direction générale, le musée de la collection, le musée d’art moderne et le centre d’interprétation Gonçalo Ribeiro Telles. Les bâtiments n’utilisent que 13,4% de la superficie du terrain et sont reliés par un réseau de chemins sillonnant les jardins et permettant facilement une circulation intérieure tout en composant avec la topographie. De cette façon, avec presque le 87% du terrain, les architectes paysagistes Gonçalo Ribeiro Telles Barreto et Antonio Viana ont pu jouer avec la végétation initiale, vestige du parc du XIX, tout en ajoutant un paysagement programmé, des composantes aquatiques, un amphithéâtre en plein air et du mobilier intégré. Ils ont su jongler avec la complexité d’une insertion en contexte urbain, mariant les composantes naturelles préexistantes et les ajouts artificiels. Le jardin, élaboré au courant de la décennie 1960, est composé de plusieurs ambiances, de «micro-paysages»3 et circuits différents, tirant leurs références dans le patrimoine paysager et arboricole portugais. Sujet à une dégradation dans les décennies suivantes, le jardin est réhabilité en 2000 par Gonçalo Ribeiro Telles lui-même qui y apporte certaines modifications, tout en respectant son authenticité. 

3 História do Jardim. [s. d.]. Fondacao Caluste-Gulbenkian. Récupéré le 25 septembre 2016 de https://gulbenkian.pt/jardim/visitar/historia-do-jardim/ 

Fig. 1,2 continuité des jardins sur les terrasses

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Le travail de conception tel qu’imaginé par les architectes vise d’abord le maintien d’une continuité spatiale entre les bâtiments et le paysage. Les architectes mettent surtout l’emphase sur la relation quasi symbiotique entre les intérieurs et l’extérieur, pensés en complémentarité, dans une volonté d’interpénétration des deux environnements. Effectivement, les balcons et les toits, également plantés, se présentent comme la continuité des jardins sur le bâti. Le paysage est vu comme une œuvre d’art en elle-même à l’extérieur des murs du musée. À titre d’exemple, les grandes ouvertures de l’auditorium principal permettent de mettre en scène le jardin et de contribuer à accentuer l’interaction entre l’intérieur et l’extérieur, le bâti et le végétal. Bien que cette construction ait un aspect massif rectangulaire de l’extérieur, elle sait bien s’intégrer à son environnement comme un ensemble toujours en dialogue avec la végétation : la dureté des matériaux qui composent les bâtiments, comme le béton, est contrebalancée par la présence immédiate d’une grande variété de plantes et de fleurs. Cet effet d’équilibre se fait sentir également dans la composition esthétique des plantations : le jardin semble être pensé de manière à complémenter l’horizontalité des constructions, de par l’intégration d’une verticalité, induite par la présence de certains arbres, tels que les conifères et autres arbres filiformes. 

Fig.2 Horizontalité du bâti et verticalité de la végétation

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Les qualités spatiales du jardin de Telles résident dans la création d’un effet de perspective qui produit une expérience déambulatoire riche. Les chemins qui invitent le visiteur à parcourir le jardin donnent lieu à des points de vue particuliers, une rythmique évolutive, révélant à la fois la qualité architecturale des bâtiments et la symbiose réussie avec leur contexte d’implantation. Les architectes souhaitent miser sur la simplicité du paysage, une esthétique produisant un effet de sérénité. 

Les maîtres d’œuvre du projet veulent également introduire un jeu d’ombres et de lumières dans leurs parcours, ainsi qu’une place significative destinée à l’eau. Le lagon central se présente comme le cœur du parc et les espèces choisies permettent d’anticiper de plan d’eau à mesure qu’on s’y rapproche. 

Fig.3 Perspectives et continuité spatiale des jardins

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Les espaces intérieurs 

Une fois à l’intérieur de cette fondation, il est inévitable de remarquer le jeu de niveaux en continuité avec l’extérieur. Tout-ce grâce aux diverses plateformes et jeux topographiques que les architectes ont réalisé dès le début. Chaque espace de la Fondation comprend une vue vers la végétation et ses jardins. L’entrée de la lumière est aussi bien travaillée grâce à ses diverses percées. Le stationnement, des salles de répétition, entre autres salles techniques et de circulation se trouvent aux niveaux inférieurs du sol, tout-ce pour laisser la place aux espaces verts et jardins extérieurs. 

Cet ensemble comporte trois auditoriums : le Grand auditorium qui accueille autour de 1200 personnes, l’auditorium 2 avec 334 personnes et l’auditorium 3 avec 134 personnes. Il a aussi une salle multifonctionnelle de 214 m2 et 143 sièges et trois salles de conférences qui peuvent être conditionnées selon leur utilisation. 

Fig.4 Plan d’eau central

Fig.7 Grand auditorium Fig.6 Salle de conférences 2

Fig.5 Jeu d’ombres et de lumières

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Une particularité du Grand Auditorium est l’écran de la scène, une grande fenêtre de 16m mètres de hauteur, ce qui permet encore une fois aux visiteurs d’être en contact avec l’extérieur. En bas de la scène il y a un espace pour des ascenseurs mécaniques qui descendent jusqu’à 14m en bas du sol. Le Grand auditorium est utilisé pour les orchestres symphoniques, auditions de groupe, pour la danse, le théâtre, opéra ainsi que des Congrès. Il a été rigoureusement travaillé dans les matériaux et le mobilier pour améliorer l’acoustique. L’utilisation du bois à l’intérieur des fauteuils et sur chaque côté des murs de la salle a aidé pleinement à cette question d’acoustique4Sa matérialité consiste de 6 à 7 matériaux maximum dans tout l’ensemble. Les matériaux principaux sont le béton, le bois et du granite. Cette rigueur est dès le plus petit détail jusqu’au plus grand de cet ensemble. 

Enfin, la conception du jardin et de la Fondation Calouste-Gulbenkian annonce à l’époque une nouvelle génération de concepteurs, plus sensibles à l’importance du contexte paysager en architecture. On parle ici d’un design naturaliste et dynamique où matière brute et matière organique se côtoient avec brio. 

4 https://gulbenkian.pt/en/the-foundation/auditoriums/grande-auditorio/ 

Fig. 8 Photo de l’intérieur. –Marlet Padilla photo prise le 9/sept/2016

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Fig.9 Plan d’ensemble- DOCOMOMO 2016

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Bibliographie 

Auditoriums. (s. d.). Fundaçao Calouste Gulbenkian Récupéré le 24 septembre, 

2016, à partir de: https://gulbenkian.pt/en/the-foundation/auditoriums/ 

-Calouste Gulbenkian Foundation. (2016, septembre 14). Récupéré le 15 août, 

2016, à partir de 

Wikipedia:https://en.wikipedia.org/wiki/Calouste_Gulbenkian_Foundation 

-Calouste Gulbenkian Museum. (2016). Récupéré le 19 septembre, 2016, à partir de Go Lisbon: http://www.golisbon.com/sight-seeing/gulbenkian.html 

-Nunes da Porte, T. (s. d.) Fundaçao Calouste Gulbenkian. Récupéré le 16 Septembre, 2016, à partir de tnp arquitectura,: 

http://www.tnp.pt/website/index.php?/fcg/introducao/ 

-UNESCO World Heritage. (2016, juillet 4). Récupéré le 15 août, 2016, à partir de Fondaçao Calouste Gulbenkian: https://gulbenkian.pt/en/news-en/general/unesco-world-heritage/ 

-História do Jardim. [s. d.]. Fondacao Caluste-Gulbenkian. Récupéré le 25 septembre 2016 àa partir de https://gulbenkian.pt/jardim/visitar/historia-do-jardim/ 

Ana Tostões (PT), Aurora Carapinha (PT), The Creation of an Urban Landscape 

Docomomo,14th international conference: Adaptive Reuse. The Modern Movement 

Towards the Future, mercredi le 7 septembre 2016 

Liste de figures 

Fig.1 Aut inconnu (s. d.) Fondation Calouste-Gulbenkian. Lisbonsecret.com 

Fig.1.2 Padilla, Marlet (2016) Continuité des jardins sur les terrasses. Lisbonne: 

Fondation Gulbenkian 

Fig.2 Pedrol Cabral (2014) Urban Sketchers, www.gulbenkian.pt 

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Fig.3 Aut. Inconnu (2015) Lisbonne: du musée Gulbenkian aux rives du Tage. voyagerenphotos.com 

Fig.4 Lessa, Marcia, (s .d.) Percurso No jardim.. www.gulbenkian.pt 

Fig.5 Lessa, Marcia, (s .d.) Percurso Luz e sombre.. www.gulbenkian.pt 

Fig.6 Padilla, Marlet. (2016). Salle de conférence 2 Lisbonne: l’image de de la 

Fondation Gulbenkian 

Fig.7 Padilla, Marlet. (2016). Grand auditorium Lisbonne: l’image de de la Fondation 

Gulbenkian 

Fig.8 Padilla, Marlet. (2016). Interieur Lisbonne: l’image de de la Fondation Gulbenkian 

Fig.9 Plan d’ensemble du site de la Fondation Gulbenkian, DocoMomo 2016

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