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Jour 1 | Lundi - Arrivée à Lisbonne

August 29, 2016

Premier contact avec le Portugal.

Le voyage d’étude au Portugal débute avec une rencontre entre les étudiants et le professeur responsable ; João Vieira Caldas de l’Instituto Superior Técnico (IST) de Lisbonne. Ce dernier a pour tâche de faire découvrir l’architecture moderne portugaise, plus précisément des villes de Lisbonne et de Porto, au groupe. Cette première présentation porte sur le développement du mouvement moderne durant la première partie du XXe siècle.

L’architecture portugaise de la fin du XIXe se caractérisait par un éclectisme prenant son inspiration des styles anciens, tels que le gothique tardif (fin du XVIe) et le néo-roman (XIIe) qui rappellent les belles périodes de la nation. Les écrits et études de l’architecte Raul Lino, notamment son ouvrage Casas Portuguesas publié en 1933, qui s’appuient sur les caractéristiques de la maison traditionnelle portugaise, mettent de l’avant le nouveau style qui caractérise l’architecture portugaise du début du XXe siècle. L’arrivée des concepts modernistes se fait par l’intermédiaire des publications spécialisées étrangères et des voyages effectués par la jeune génération d’architectes. Cette influence apparaît principalement sous une forme stylistique qui se démarque par l’utilisation des caractéristiques formelles et techniques telles que l’utilisation du béton et du toit plat. L’événement charnière de la deuxième vague du mouvement moderne portugais est la rencontre du Sindicato Nacional dos Arquitectos en 1948.

Le professeur a présenté divers projets de cette période, notamment le cinéma Capitólio (1925-1931) de Christiano DaSilva, l’Institut Portugais d’Oncologie (1927-1933) de Carlos Ramos et le campus de l’IST, dont le pavillon central (1927-1941) de Porfírio Pardal Monteiro, qui sera le sujet de la visite de demain.

Jour 2 | Mardi - Découverte de Lisbonne et rencontre avec le modernisme portugais.

August 30, 2016

Cette journée est divisée en une matinée de présentations et un après-midi de visites du campus de l’IST et de ses alentours. Maria Helena Barreiros, fonctionnaire supérieure des services de patrimoine de la mairie de Lisbonne, fait la présentation de l’évolution urbaine de la ville jusqu’à nos jours. Son exposé s’appuie sur les grands événements et tragédies, ainsi que les divers plans d’aménagement qui ont modulé le développement de la ville au cours de son histoire. Sa deuxième intervention traite de la gestion et du classement du patrimoine. Cette intervention nous permet de constater que pour la mairie de Lisbonne, la définition d’un bien patrimonial, selon l’inventaire municipal du patrimoine réalisé en 1994, est très large. Peut être considéré patrimonial, tous biens construits entre le Moyen-Âge et le XXIe siècle, peu importe la typologie, l’échelle et la nature du bien.

L’intervention du professeur João Vieira Caldas est la suite de la présentation de la veille sur l’architecture moderne portugaise, ciblant principalement le développement des grands ensembles de logement des années 1940 à 1960. Il fait la présentation des quartiers où se situent les ensembles d’habitation qui seront visités dans les prochains jours ; le quartier Alvalade (année 50), Olivais Norte (plan 1950-1958) et Olivais Sul (plan 1960-1961), le quartier Restelo (1940) et l’ensemble de l’avenue  Infante Santo (1949-1961).

Les visites de l’après-midi permettent aux étudiants d’apprécier plusieurs bâtiments emblématiques de la première vague du modernisme portugais, qui se caractérise par une approche stylistique de l’architecture moderne. 

Jour 3 | Mercredi - Visite du quartier Alvalade

August 31, 2016

Les grands ensembles modernes : quartier Alvalade

Notre parcours débute à l’entrée du campus de l’IST, sur l’avenue Manuel da Maïa. Le premier arrêt se fait au café Mexicana (1961-1962), situé au pied d’un immeuble influencé par l’approche « Casa Portugese ». Ce café a subi quelques transformations, mais il nous permet d’apprécier un intérieur s’inscrivant dans l’approche moderniste de l’époque. Nous nous dirigeons vers le quartier Alvalade, le secteur à l’étude pour cette journée, en empruntant l’avenue Roma. Au long de cette avenue cohabite divers immeubles s’inscrivant dans la première modernité portugaise, ou associés à l’influence « Casa Portugese ».

Le quartier Alvalade s’inscrit dans le Plan Groër (1938-1948), premier plan d’aménagement de Lisbonne qui amène à concevoir la ville comme un système urbain. Ce quartier d’habitations sociales, dont la typologie varie de la barre de plusieurs étages à la maison bourgeoise, est composé de huit secteurs bénéficiant chacun d’équipements publics, tels que des écoles primaires et des commerces.

Le premier ensemble visité est Estacas (1949-1955), conçu par les architectes Ruy Jervis d’Athouguia et Sebastiấo Formosinho Sanches. Il consiste en une série de barres de faible hauteur (quatre étages) sur pilotis, séparées par des espaces vert et s’inscrit dans une approche fonctionnaliste, notamment en raison de la rationalisation des espaces, tant publics que privés. Nous poursuivons vers l’est, sur l’avenue des États-Unis, afin d’y observer des ensembles de plus grandes dimensions (1954-1958). Lors de notre parcours, nous avons l’occasion, en raison de la générosité d’une résidente, de visiter l’intérieur d’un logement en duplex. Cette expérience nous permet de bien comprendre l’organisation spatiale intérieure des duplex traversants de cette opération. La richesse spatiale de cet appartement illustre le contexte particulier du développement du logement à prix modique pour ceux qui font partis de la petite bourgeoisie.

Nous arrêtons diner au café Va-Va, qui donne sont nom à l’ensemble situé à la rencontre de l’avenue Roma et Estado Unidos da Americas. L’implantation particulière de quatre barres qui composent l’ensemble attire notre attention. Ces dernières sont implantées selon la même orientation et ne tiennent pas compte de la trame viaire présente dans le quartier.

L’après-midi débute avec la visite du lycée Padre Antonio Vieira (1959-1963) réalisé par l’architecte Ruy Jervis d’Athouguia. Il fût restauré et agrandi, sous la direction de l’architecte Teresa Nunes da Ponte, entre 2008 et 2009. Les

principales contraintes de la réhabilition étaient le niveau de dégradation du béton, la nécessité de mettre aux normes, tant sur le plan mécanique, parasismique que d’accessibilité, la performance énergétique des fenêtres et l’état des brises soleil de béton. Des solutions contemporaines furent utilisées afin de répondre à ces contraintes, tout en s’inscrivant dans l’esprit qui avait été développé par l’architecte original. L’ensemble du groupe apprécie les efforts qui ont été déployés par les architectes de la réhabilitation afin d’éviter la dénaturation du projet original et de lui conserver ses qualités spatiales et d’éclairage.

La visite se termine sur l’avenue du Brésil, où l’on retrouve un ensemble d’habitation (1954-1963) conçu par l’architecte Jorge Segurado. Cet ensemble est composé de barres implantées perpendiculairement à la rue et reliées entre elles par un bâtiment d’un seul étage devant accueillir des commerces. L’organisation de cet ensemble s’inscrit dans la continuité des autres bâtiments observés tout au long de la journée. Il est possible d’y voir l’influence du travail de Le Corbusier et des principes mis de l’avant par la Charte d’Athènes.

Jour 4 | Jeudi - Visite de la Fondation Calouste Gulbenkian

September 01, 2016

Cette journée de visite à Lisbonne se consacre à la découverte de la Fondation Calouste Gulbenkian, d’une visite de son musée et d’un aperçu des jardins. Cet ensemble moderne est construit par les architectes portugais Ruy Jervis d’Athouguia, Pedro Cid et Alberto Pessoa entre 1959-1969. Dédiée à la connaissance, la recherche et la diffusion dans les domaines des arts, de la science et de l’éducation, la Fondation porte le nom d’un riche industriel arménien et collectionneur d’art. Épuré et rigoureusement conçu, les différents bâtiments tirent parti d’une grande spatialité des espaces intérieurs. La circulation des usagers est fluide et les nombreuses percées vers les jardins enrichissent l’expérience de déambulation et de contemplation. L’ensemble des bâtiments nous est présenté par l’architecte responsable de sa restauration de 1998 et de 2014, Teresa Nunes de Ponte. La visite des espaces publics, techniques et administratifs nous a montré la justesse du travail mené par Nunes de Ponte et d’y retrouver un respect pour les qualités architecturales de l’ensemble original. L’après-midi est dédié à la visite du musée Calouste Gulbenkian en compagnie du designer Mariano Piçarra, responsable de la scénographie des espaces d’exposition. Les discussions menées en visitant la collection nous ont permis de saisir les nombreux enjeux liés à la conservation d’une telle collection. Cette journée s’est conclue avec un séminaire récapitulatif dans les vastes jardins de la Fondation, conçu par les architectes de paysage Gonçalo Ribeiro Telles et António Viana Barreto.

Jour 5 | Vendredi - Visite en bus d'édifices, d'ensembles et de quartiers modernistes

September 02, 2016

Grands ensembles et églises modernes.

Nous poursuivons donc la découverte des ensembles d’habitation modernes, ceux des quatiers Olivais Norte et Olivais Sul, ainsi que l’ensemble de l’avenue Infante Santo. Une nouvelle typologie de bâtiment, les églises, s’ajoute à notre parcours.

L’église de Arroios (1962-1972) conçu par les architectes Manuel Alzina de Menezes et Erich Corsepius et l’église du Sagrado Coraçấo de Jesus (1961-1970), des architectes Nuno Teotónio Pereira et Bartolomeu Costa Cabral, sont similaires dans leur approche tectonique, par l’utilisation du béton armé, ainsi que dans la spatialité intérieure en développant une nef monumentale, où la verticalité prime. Malgré un mode d’implantation différent, l’une en tête d’îlot et l’autre en mitoyenneté, l’éclairage des espaces se fait grâce à la lumière naturelle provenant en quasi-totalité des plafonds, ce qui accentue la monumentalité et la verticalité des espaces. L’autre église observée, celle du quartier Moscavide (1953-1955), des architectes António Freitas Leal et Joấo de Almeida, s’intègre à son environnement pas sa volumétrie et son parvis qui développe une place public agissant comme point central du quartier. En plein travaux de restauration, nous observons certaines modifications, telles que le remplacement des lattes de bois du plafond, qui conservent l’idée

première du projet tout en modifiant certaines proportions et particularité des matériaux.

Concernant les ensembles d’habitation, nous commençons par les quartiers Olivais Norte (plan 1955-1958) et Olivais Sul (plan 1960-1961). Le premier de ces ensembles est influencé par l’urbanisme proposé par la Charte d’Athènes, mais aussi par l’urbanisme anglais. L’urbanisme du second s’inspire de la cité-jardin, tout en en proposant une modernisation de cette forme urbaine. Dans les deux cas, les divers ensembles visités furent construits vers la fin des années 50, période marquée par le début de la contestation de l’idéologie des CIAM et du développement de la « troisième voies », ce qui aura des répercussions sur l’architecture des bâtiments. Cette nouvelle approche est influencée par l’architecture italienne de cette époque et propose une architecture plus organique s’inscrivant dans le travail de Bruno Zevi et de Frank Lloyd Wright.

Le dernier ensemble observé est celui de l’avenue Infante Santo (1949-1961) par les architectes Alberto Pessoa, Hernâni Grandra et Joấo Abel Manta. À la différence des autres projets observés, qui étaient implantés en périphérie, celui-ci s’insère dans la vieille ville suite à la création d’une grande avenue. Il est un bel exemple d’architecture fonctionnaliste et de la Charte d’ Athènes. Ce projet est composé de cinq barres d’habitation sur pilotis implantées perpendiculairement à l’avenue et déposées sur un socle abritant des commerces. Les rez-de-chaussée des barres n’habitent que les accès aux bâtiments, ce qui permet le déploiement d’un jardin continu sur l’ensemble du complexe. Dans le projet initial, l’utilisation de couleurs, telles que le rose saumon, le jaune clair et le bleu, marquait les différentes composantes architecturales des façades. Nous avons visité l’intérieur d’un des logements d’extrémité, ce qui nous a permis de bien comprendre la répartition des espaces intérieurs se déployant sur deux niveaux. La visite du toit terrasse nous à offert une magnifique vue sur le centre de Lisbonne, ce qui est très apprécié par tous.

Jour 6 | Samedi - Arrivée a Porto et visites

September 03, 2016

Voyage en train vers Porto à partir de la gare Oriente

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Dépôt de bagages et déjeuner 

 

14-18 heures

Découverte du centre de Porto  

 

Farmácia Vitália (1930)

Manuel Marques, architecte

 

Garagem Comércio do Porto (1929-1932)

Rogério de Azevedo (1899-1983), architecte

 

Coliseu do Porto, 1937-1941

Cassiano Branco (1897-1970), Júlio de Brito, Mário de Abreu, Charles Siclis

 

Cinema Batalha (1944-1947)*

Artur Andrade, architecte

 

Edifice DKW (1946-1951)

Arménio Losa (1908-1988) et Cassiano Barbosa, architectes

 

Silo Auto (1961)

Alberto José Pessoa (1919-1985), architecte

 

Hotel D. Henrique (1965-1974)

José Carlos Loureiro (1925-), Luís Pádua Ramos (1931-2005), Chaves de Almeida, architectes

Jour 7 | Dimanche - Visites à Porto et après-midi libre

September 04, 2016

L’étude de la typologie résidentielle continue par la visite de trois ensembles d’habitation et d’une maison unifamiliale. Deux des immeubles, l’immeuble résidentiel de Costa Cabral (1953) de A. Viana de Lima et l’immeuble résidentiel Ouro (1946-1952) de Mario Bonito et Rui Pimentel, s’inscrivent dans l’approche fonctionnaliste, mais diffèrent des bâtiments à Lisbonne. Malgré une référence aux pilotis, les espaces en rez-de-chaussée sont cloisonnés ce qui élimine l’idée de continuité proposé par la Charte d’Athènes. Nous avons eu la chance de visiter un appartement de l’immeuble Ouro ayant subi très peu de transformation et l’on a pu apprécier la qualité spatiale d’une unité. L’ensemble de Luso (1959-1962), des architectes José Carlos Loureiro et L. Pádua Ramos, est un projet de plus grande ampleur composé de deux barres et de deux tours décorées de céramiques. Ces constructions organiques encadrent un espace vert servant à lier les divers bâtiments.

La maison de Rua Santos Pousada (1949-1951) de Celestino de Castro est un très bel exemple d’une construction pouvant s’inscrire dans la première modernité. Elle fait aussi référence aux maisons blanches de Le Corbusier par sa simplicité et son utilisation de la fenêtre en bandeau.

L’après-midi est laissé libre afin de permettre aux étudiants de profiter de la ville de Porto. Ils dédient ce temps à la visite de bâtiments contemporains, tels que la Casa da Musica de l’architecte Rem Koolhaas, la Fondation Serralves de l’architecte Alvaro Siza Vieira, ou à explorer la ville.

Jour 8 | Lundi - Découvertes des figures de Porto : Alvaro Siza Vieira et Fernando Távora

September 05, 2016

Cette dernière journée à Porto débute avec la visite de l’école Clara de Resende (1959-1960), des architectes J. Vasconcelos Esteves, Eduardo Valente Hilário et Luís Alçada Baptista. Cette école secondaire fût réhabilitée par l’architecte Carlos Prata dans le cadre du programme national de rénovation des infrastructures scolaires, comme le lycée Padre Antonio Vieira visité précédemment. Ce dernier nous a guidé lors de la visite et a expliqué les interventions qu’il a du effectuer afin de résoudre les problèmes liés à l’état du bâtiment et au besoin de nouveaux espaces en raison de la modernisation du programme et de la mise aux normes. Classée d’intérêt public, cette école a subi des transformations mineures (intégration d’ascenseurs et remplacement des portes répondant aux normes d’incendie) et des ajouts contemporains (nouveaux espaces et passerelle) qui s’intègrent dans la continuité de l’existant.

L’ensemble résidentiel Parnaso (1954) de l’architecte José Carlos Loureiro et l’ensemble résidentiel de Ramalde (1952-1960) de l’architecte Fernando Tavora sont les deux derniers exemples de cette typologie que nous visitons. Le premier reprend les caractéristiques du fonctionnalisme. De plus, la mise en place d’une cour anglaise en façade tend à rappeler l’utilisation du pilotis. Nous remarquons un souci d’intégration de l’ensemble par la mise en place de quatre volumes en décrochés qui reprennent la volumétrie des bâtiments avoisinants. Pour ce qui est de l’ensemble de Tavora, les barres d’habitation s’inscrivent dans la «troisième voie» du modernisme portugais qui remet en question l’approche fonctionnalisme et qui tire son inspiration du vernaculaire. Les barres ne sont pas implantées selon un plan cartésien et proposent une volumétrie et une configuration à échelle humaine.

Nous complétons notre périple par la visite de trois œuvres majeures de l’architecte Alvaro Siza Vieira, soit l’opération SAAL Bouça (1973-1977, complété en 2001-2006), la maison de thé Boa Nova (1958-1963, restauration en 2013) et la piscine de mer (1959-1973). Le premier projet est un ensemble d’habitation construit au cœur du tissu urbain de Porto. Il est composé de quatre barres séparées à intervalle régulier par des cours et des espaces publics. Les barres sont reliées entre elles par un mur servant d'écran entre l'ensemble d'habitation et la voie ferrée située au nord du complexe. L'on retrouve à l'extrémité sud des barres divers services publics faisant la liaison avec le quartier environnant. Les deux autres projets sont situés en périphérie de la ville de Porto, dans la municipalité de Matosinhos qui en avait fait la commande. Ils sont implantés en bord de mer et s’insèrent dans le paysage grâce à l’utilisation du béton qui est un rappel de la pierre qui définie ce paysage côtier. La maison de thé se caractérise par ses références à la maison traditionnelle portugaise, par ses murs blancs et sa toiture au large débord recouvert de tuiles. La visite guidée de l’intérieur nous permet de voir et d’expérimenter la relation entre l’intérieur et l’extérieur, concept au centre du design proposé par Siza.

La journée se termine avec un dernier séminaire permettant au groupe de faire la synthèse de cette semaine d’apprentissage et de découvertes. Nous concluons que la thèse de Nelson Motta délaisse un grand pan du développement de l’architecture moderne portugaise, particulièrement la première phase, qui concorde avec la présence de Salazar à la tête du pays. Les enseignement du professeur Joấo Vieira Caldas nous ont permis de dresser un portrait plus complet de l’architecture moderne au Portugal.

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